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Ces oiseaux communs qui ne le sont plus tant !

« Oiseaux communs » est une appellation de plus en plus problématique. En effet, certains oiseaux communs habituellement liés à cette liste arbitraire sont aujourd’hui en déclin. C’est notamment le cas du Verdier d’Europe ou encore du Chardonneret élégant…
le Bouvreuil pivoine est un des oiseaux communs les plus menacés aujourd'hui
Le Bouvreuil pivoine est atuellement en fort déclin.

Quels oiseaux communs sont concernés ?

Habituellement classé parmi les oiseaux communs, le Chardonneret élégant n’est pas menacé à l’échelle mondiale ou européenne, mais cela n’empêche pas les naturalistes de constater un déclin. Ainsi en France[1], l’espèce est classée « vulnérable » par le comité français de l’UICN, l’organisme établissant chaque année la liste rouge nationale des espèces menacées. De plus, le même organisme classe de la même manière le Verdier d’Europe[2] et le Bouvreuil pivoine[3] aux mêmes échelles. Heureusement, ces trois espèces sont intégralement protégées en France. Ce qui n’est pas toujours le cas des espèces en déclin… Même en France ! Rajoutons à cela que même des espèces qui nous paraissent stables voire surabondantes sont parfois en déclin. C’est notamment le cas de l’Etourneau sansonnet qui serait aujourd’hui en déclin modéré en France[4]

L’autre problème de cette appellation :

Par « oiseau commun » on entend souvent en réalité « oiseau commun et connu du grand public » ou du moins « oiseau commun et facilement observable ». Parfois le critère à l’œuvre est celui du nombre. C’est pourquoi les oiseaux communs sont souvent ceux qui ont les plus fortes populations démographiques, à l’instar du Pinson des arbres. Parfois l’appellation semble même se confondre avec « oiseaux du jardin ». Or des oiseaux peuvent êtres communs mais uniquement dans des milieux particuliers ! C’est le cas de la quasi menacée Bouscarle de Cetti[5] ou encore du Bruant des roseaux (classé « en danger » par l’UICN[6]). Tous deux sont des oiseaux des milieux humides. Et puis d’autres espèces sont communes tout en étant inconnues du grand public, comme par exemple le Tarier pâtre (quasi menacé en France[7]).  

C’est pourquoi il faudrait simplement parler des oiseaux en fonction de leurs habitats… Deux appellations vont dans ce sens : « oiseaux généralistes » pour ceux que l’on trouve dans une grande variété de milieux. Et « oiseaux spécialistes » pour ceux que l’on trouve dans des milieux particuliers (zones humides, forêts, etc.). La grille de lecture généraliste/spécialiste permet de mieux se rendre compte de l’état des populations aviaires !

Le Bruant des roseaux.

Pourquoi les oiseaux communs disparaissent-ils ?

Différents facteurs expliquent le déclin des oiseaux. Les activités humaines sont la clé de voûte de tous ces facteurs. Industrialisation de l’agriculture, impacts des pesticides[8], destruction et artificialisation des milieux, dérangements, introduction de prédateurs non naturels, mauvaise gestion des zones naturelles (pas assez protégées), chasse autorisée d’espèces protégées… De plus, les changements climatiques apportent bien entendu leur lot de bouleversements, perturbant les cycles établis depuis longtemps. Mais il y a aussi un ensemble de facteurs qui jouent à une autre échelle : on débite systématiquement les arbres morts (essentiels à de nombreux oiseaux et autres animaux), on ne supporte plus d’avoir des chemins campagnards avec des herbes hautes, on bouche le moindre trou dans les murs (essentiels à la nidification d’un bon nombre d’espèce), on taille nos haies à la mauvaise période… Les problèmes se trouvent à la fois à des échelles globales et à des échelles individuelles.

Comment les aider ?

Malheureusement le nourrissage n’est pas une solution pérenne. En effet, nourrir les oiseaux, ce n’est nourrir que ceux qui viennent aux mangeoires et qui ne sont globalement pas menacés. Que fait-on pour les autres ? Rien… L’autre problème du nourrissage, c’est qu’il s’agit d’une action qui agit sur les symptômes du mal, et pas du tout sur ses causes. Pire, quand on achète des graines non biologiques, on favorise une industrie qui est en partie responsable du déclin de la biodiversité. Idem quand on achète des aliments dont les oiseaux n’ont pas besoin (graisses, graines exotiques, etc.). On favorise alors une industrie qui n’aide pas vraiment nos oiseaux à aller mieux. Et puis en nourrissant à l’année, on offre une nourriture inadaptée aux oiseaux juvéniles et on augmente le risque épidémique. Bref, le nourrissage, c’est très bien, mais à court termes, et surtout en respectant les conseils des associations de protection des oiseaux.

Que faire alors ?

En fait, la solution la plus pertinente est de renaturaliser nos espaces, de replanter des haies, de redresser nos talus. Acceptons que nos jardins soient un peu plus sauvages. Acceptons la tonte différenciée dans nos jardins et dans nos villes. Et puis arrêtons de râler quand sur un trottoir, on trouve des « mauvaises herbes ». Enfin suivons les recommandations des différents organismes de protection de la nature, que ce soit en ce qui concerne la taille des haies ou les périodes de nourrissage…

A propos, si le sujet vous intéresse, filez lire mon article parlant des différentes manières de rendre son jardin accueillant pour la biodiversité !

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SOURCES ET RÉFÉRENCES :

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