La territorialité est une donnée commune au sein du monde vivant et particulièrement chez les oiseaux. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant : s’octroyer et défendre un territoire, cela revient à s’approprier ses différentes ressources ! Utile quand on a des jeunes à nourrir… Simple non ? Hum, comme d’habitude c’est un peu plus compliqué. Je vous présente dans cet article quelques rappels sur le territoire d’un oiseau avant d’entrer dans les détails !
Sommaire
ToggleGénéralités sur le territoire d'un oiseau :
Pour parler du territoire d’un oiseau il faut en distinguer plusieurs. Pour commencer, les oiseaux défendent leur lieu de nidification. Celui-ci englobe le site de nidification en lui-même et ses environs immédiats. De plus, les espèces défendent le territoire d’alimentation (des jeunes et des adultes) sur lequel les ressources alimentaires sont défendues. Il existe aussi des territoires collectifs. Comme par exemple des arènes de parades, ou des zones où la ressource alimentaire n’est pas défendue ou revendiquée. Les oiseaux nichant en colonies utilisent souvent ces territoires. Et puis, il faut noter l’existence du territoire d’hiver, territoire vers lequel évoluent les oiseaux migrateurs à la mauvaise saison.
Par exemple, lorsque j’observe les Grives mauvis dans mon jardin en hiver, cela indique que c’est là une partie de leur territoire d’hiver. Plus généralement, on parle d’aire d’hivernage.
Enfin, les oiseux défendent leur territoire contre les individus de la même espèce. C’est ce qu’on appelle la compétition intraspécifique. Mais aussi contre les individus d’espèces différentes (compétition interspécifique).
Le territoire d'un oiseau est-il tout le temps défendu ?
Pour une espèce d’oiseau donnée, L’existence de tous ces territoires ne se vérifie pas forcément. De plus, certains sont plus ou moins grands suivant le degré de tolérance de la compétition intraspécifique et suivant la pertinence d’une compétition entre espèces différentes. Cela dépend aussi de la richesse du milieu. En outre, une espèce défend un territoire plus ou moins selon le moment de l’année. Ainsi les espèces migratrices abandonnent le contrôle de leur territoire d’hiver une partie de l’année. Puisque les oiseaux retournent nicher dans leurs zones de nidification. À l’inverse le Rougegorge familier défend son territoire toute l’année !
Pour observer au mieux les oiseaux
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Lutter pour s’approprier un territoire :
Ainsi donc, bon nombre d’espèces s’approprient ou se réapproprient un territoire à chaque printemps. Ceci explique pourquoi d’une année sur l’autre, on n’observe pas les mêmes espèces dans un milieu très convoité. Par exemple, on verra un couple de Tariers pâtres « vole » la place des Cisticoles des joncs… Premier arrivé, premier servi ! Au fait, vous avez sans doute déjà observé un comportement territorial. Peut-être même sans vous en rendre compte. Effectivement ces comportements peuvent revêtir différentes formes. Des cris, des chants, des poursuites ou encore des attaques. Par ailleurs, la défense du territoire est généralement dévolue aux mâles.
Logiques d'espèces
Si chaque espèce a une territorialité spécifique, On peut tout de même généraliser car certaines appréhendent l’espace à peu près de la même manière : leurs enjeux, leurs objectifs, leurs logiques de développement sont semblables. Je distingue ainsi quatre grands types de territoires chez les oiseaux :
- Un territoire revendiqué étendu sur lequel se passent la parade, la reproduction, la nidification et la recherche de nourriture. Cela concerne par exemple les Fauvettes ou le Rougegorge familier.
- Un territoire revendiqué moyennement étendu sur lequel se passent la parade, la reproduction et la nidification. Mais pas (ou peu) la recherche de nourriture qui fait l’objet d’un territoire partagé notamment avec d’autres espèces. C’est le cas des Avocettes élégantes.
- Un territoire revendiqué minuscule qui ne comprend que l’aire (c’est-à-dire le nid). C’est le cas des oiseaux coloniaux comme les Hirondelles, les Mouettes, les Goélands ou encore le Fou de Bassan.
- Un territoire revendiqué pour les parades et la reproduction mais pas pour la nidification : c’est le cas des Tétras lyre ou des Chevaliers gambettes.
La différence entre le domaine vital et le territoire d'un oiseau :
On appelle « espace vital d’une espèce » l’ensemble constitué par le territoire défendu et l’ensemble des autres territoires de vie de l’espèce dans un milieu donné. On laisse donc de côté les territoires de migrations. Pour simplifier, le domaine vital est plus grand que le territoire qu’il englobe par ailleurs.
Le territoire d’un oiseau peut se chevaucher avec celui d’un autre sans que cela ne pose problème. Effectivement, sur un même territoire les espèces présentes ne s’intéressent pas toutes à la même ressource alimentaire. Et puis il y a aussi la nécessité de partager l’accès aux points d’eau. Ainsi, le territoire d’un Merle noir peut recouper en partie celui d’un Pouillot véloce par exemple.
Pourquoi les oiseaux sont-ils territoriaux ?
Tout simplement parce qu’un comportement territorial apporte de nombreux avantages ! Il y a un avantage certain pour les oiseaux à mieux connaître une zone clairement délimitée : ils y chassent mieux et y sont moins facilement chassés par les prédateurs. Mais l’instauration de territoires permet aussi de limiter la compétition intraspécifique et interspécifique tant du point de vue des ressources alimentaires que du point de vue des sites de nidification.
La superficie du territoire des oiseaux varie… beaucoup !
Enfin il faudrait faire un point sur la superficie que peut représenter le domaine vital d’une espèce. De nombreuses personnes pensent à tort que les espèces (en particulier les «oiseaux communs») sont inféodées à leur jardin. Rien n’est moins vrai. En effet la superficie d’un jardin est bien souvent trop réduite pour constituer un domaine vital suffisant. Et quand bien même il serait grand, la nature ne s’arrête pas aux portes des jardins. Jardins pouvant d’ailleurs être le point de rencontre de territoires multiples d’espèces identiques ou différentes. Au final la superficie d’un territoire dépend des affects particuliers de l’espèce. Mais aussi de la qualité du milieu, des atteintes faites à ce dernier, de l’abondance des ressources de ce dernier, de la compétition interspécifique et intraspécifique.
Pour conclure, je trouve intéressant de vous donner quelques repères spatiaux. Attention cependant, les variations peuvent être grandes entre un milieu sain et un milieu impacté.
Buse variable : domaine vital d’environ 80 hectares.
Gorgebleue à miroir : environ 0.5 hectare.
Mésange bleue : au minimum 0.5 hectare.
Epervier d’Europe : entre 6 et 10Km².
Phragmite des joncs : entre 1000 et 2000m².
Rousserolle effarvatte : 500m².
Merle noir : de 0.8 à 10 hectares.
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