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Un jardin plus naturel pour presque rien !

Un jardin plus naturel pour presque rien, un rêve inaccessible ? NON ! Et si vous faisiez de votre jardin un havre de paix pour la biodiversité ? Et si je vous disais que ça ne coûte rien, que c’est très simple à réaliser, et que le résultat est souvent surprenant ? Vous ne me croyez pas ? Go pour les explications ! Attention, il va falloir remettre en question quelques pratiques profondément ancrées dans notre culture…

Arrêter la tonte systématique

Hopala ! Que n’ai-je pas dit… Pourtant c’est sans doute la tonte systématique et intégrale des pelouses qui impacte le plus la vie des insectes, des oiseaux et des mammifères. Mais alors, il ne faudrait plus tondre du tout ? Non rassurez-vous… Pour un jardin plus naturel, l’idée est plutôt de  tondre moins souvent et de laisser certaines surfaces tranquilles. Dans mon jardin, il y a une zone régulièrement tondue, destinée aux jeux des enfants. Mais il y a aussi une zone où je ne tonds plus que les allées. Le reste est fauché à la faux une à deux fois par an. J’essaye en effet de privilégier l’huile de coude au pétrole ! Il faut dire que cette “huile maison” ne me coûte que ma fatigue. Et puis, c’est une technique plus respectueuse de la biodiversité ! La tondeuse aspire et broie tout… 

jardin plus naturel merlicolor biodiversité au jardin
Le Bourdon des champs fréquente régulièrement mon jardin !

Rendre le jardin plus naturel, des résultats rapides !

Vous ressentirez le résultat d’une telle pratique très rapidement. Pour moi qui traîne toujours au jardin, la différence est notable ! Plus naturel, mon jardin est devenu un refuge pour des espèces de papillons qui ne le fréquentaient pas jusqu’alors. Puisqu’il ne leur était pas favorable ! Les oiseaux s’y font plus présents et le nombre des espèces observées est en augmentation. Bref, ne plus tondre, c’est tuer moins d’insectes, mais c’est aussi préserver un habitat utile à la bonne marche des chaînes alimentaires ! Quand on préserve les insectes, on préserve les prédateurs qui en dépendent…

Je vous invite cependant à garder certaines parties du terrain tondues. Tout simplement parce qu’il y a toute une faune diversifiée qui a appris à y vivre ! Des insectes, des oiseaux comme le Pic vert. Voilà pourquoi il est intéressant de mêler les deux approches au jardin ! Et puis esthétiquement parlant, c’est toute une poésie… 

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Une des allées de mon jardin.

Accepter les mauvaises herbes

Ou devrais-je dire “accepter toutes les plantes”. Le concept de “mauvaise herbe” est complètement dépassé aujourd’hui. En vous disant d’accepter les mauvaises herbes, je ne vous dis pas de ne rien arracher. Je dis simplement que ces herbes ont une raison d’être. Ces plantes apparaissent naturellement là où elles sont faites pour pousser ! Ce qui n’est pas le cas de nos légumes et fleurs, la plupart du temps. Dans mon jardin, je leur laisse donc une belle place. Je contiens le développement de certaines, je contiens d’autres en tondant les allées du jardin. Et j’élimine les envahissantes dans mon potager. Bref, je n’arrache pas systématiquement, et je tache de trouver une place à toutes les espèces !

En acceptant la présence de ces herbes, vous acceptez la présence de la faune qui en dépend ou qui en profite. Certains papillons ne pondent leurs œufs que sur les Orties… 

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L'Aurore pond ses œufs notamment sur la Cardamine et les Arabettes !

Un jardin plus naturel : planter des espèces locales

De la même manière que pour les “mauvaises herbes”, les espèces locales d’arbres ou de plantes sont les plus adaptées à votre terroir et à la biodiversité locale. Oui, mais comment connaître ces espèces ? L’idéal c’est encore de se promener pour observer ce qui pousse à proximité de votre terrain. Cela permet de voir quelles espèces sont naturellement présentes par chez vous !

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Les Saules sont très présens dans les environs de mon jardin !

Et les mélanges floraux à destination des insectes mellifères alors ? J’ai tendance à m’en méfier. Car bien souvent, les espèces florales ne sont pas locales… Et que de ce fait les insectes mellifères présents chez vous ne sont pas forcément adaptés à ces espèces qu’ils ne trouvent normalement pas dans la nature. Je ne conteste pas le fait qu’ils y viendront. Je pense simplement que ce n’est pas l’option qui favorise le plus la biodiversité sur le long terme. En plus de ne pas être constitués d’espèces locales et adaptées à la nature de votre sol, ces tapis floraux ne tiennent que rarement sur la durée (2 ou 3 ans en général). 

Comment rendre son jardin plus naturel alors ?

Que faire alors ? Je ne prétends pas avoir trouvé une solution facile à mettre en œuvre. En revanche, je la trouve plus pérenne ! Dans les zones non tondues, je sème régulièrement des graines d’espèces locales récoltées tout au long de l’année passée. Cela prend plus de temps et demande de l’organisation, mais on peut aussi considérer le fait que ça ne coûte rien, et que ça n’entraîne aucune pollution (pas d’emballages, pas de transport, juste mon huile de coude !). Certes, le jardin est moins fleuri, mais des espaces aussi fleuris (en termes de diversité) n’existent de toute manière pas dans la nature. Et moi, je cherche justement à imiter la nature. En la matière, certaines parties de mon jardin ressemblent aux zones sauvages qui le bordent et dans lesquelles plus aucun humain n’intervient depuis des années. En somme, c’est ce qu’il faut viser !

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Stellaires, Compagnons rouges, Berces... Autant d'espèces dont on peut facilement récolter les graines !

Surmonter ses peurs dans un jardin plus naturel…

Quand on entreprend de rendre son jardin plus naturel on se confronte à notre culture. “Un jardin doit être propre”, “les insectes sont inutiles”, “les prédateurs sont nuisibles”.

Pourtant, tout a une place, tout a une utilité ! Il faut réapprendre à considérer les choses. Les insectes piqueurs n’existent pas sans raison. Sans les papillons de nuit, une part essentielle de la pollinisation disparaîtrait. Plus encore sans les Abeilles sauvages ! Les prédateurs doivent être vus comme de simples maillons de la chaîne alimentaire et non plus comme les “méchants”. Ils sont tout aussi importants que leurs proies. Apprendre à questionner ses croyances, à reconsidérer ses positions… La Mésange bleue, aimée de toutes et de tous, ramène environ 500 chenilles au nid chaque jour… Et elle est pourtant bien moins détestée que l’Epervier, ce célèbre chasseur de passereaux. Est-ce bien logique ?

… Et les combattre !

A titre personnel, je n’ai jamais mieux combattu mes peurs qu’en cherchant à en apprendre davantage sur les objets de ces dernières. J’ai en particulier une aversion profonde pour les Araignées, mais je me soigne ! D’ailleurs je suis bien heureux de trouver l’Argiope frelon dans mon jardin. Il faut tout de même avouer que c’est l’une des plus belles araignées de France ! Sa présence est bio-indicatrice : elle indique que le milieu est sain ! 

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L'Argiope frelon est commune en France. On reconnaît sa toile au "zig-zag" de soie tissé verticalement.

Se poser des questions

Mon jardin est-il réellement adapté à la pose d’un nichoir ? Les hôtels à insectes aident-ils vraiment ces derniers ? A partir de quand arrêter de tailler les haies ? Favoriser la biodiversité, c’est aussi se poser des questions sur nos interventions dans ce milieu. On peut nuire à la biodiversité en cherchant à l’aider… C’est pourquoi il faut systématiquement questionner nos pratiques et leur prétendue innocuité !

Pour un jardin plus naturel, questionnez les modes...

N’installez pas de nichoirs dans les jardins fréquentés par les chats ! En effet, quelques semaines seulement après leur éclosion, les juvéniles connaissent une phase d’émancipation au sol. Alors même qu’ils sont déplumés et maîtrisent mal le vol. D’une manière générale, demandez conseil aux associations de protection de la nature. Et surtout respectez les conseils d’implantation des nichoirs (orientation, hauteur, pas de peinture, pas de perchoir, entretien à l’automne). 

Les hôtels à insectes sont intéressants pour la pédagogie mais ils ont parfois fait le tour de la planète avant d’arriver dans votre jardin. Certains sont aussi pleins de colles. Qui plus est, en accueillant au même endroit proies et prédateurs, on transforme vite ce lieu en frigo pour ces derniers ! Parfois, en laissant un tas de branchages au fond du jardin, on aide mieux la faune petite et grande… 

... Et les pratiques !

Pour un jardin plus naturel, pensez aussi à arrêter de nourrir les oiseaux dès le retour des beaux jours. Le nourrissage n’est recommandé que lors des périodes de gel intense et continu de plus d’une semaine. Et il faut bien comprendre qu’il ne permettra jamais (malheureusement) de sauver les espèces en déclin… Plus d’explications en consultant l’article ci-dessous !

La date de taille des haies, comme de débroussaillage peut aussi avoir un impact fort. De nombreuses espèces nichent dans ces écosystèmes, près du sol ou au sol ! En France, l’interdiction de taille et d’arrachage des haies ne concerne que les agriculteurs. Et encore elle n’est valable que du 15 mars au 31 juillet de chaque année. Une période malheureusement trop courte pour que toutes les nichées ne soient pas impactées. En effet, certaines espèces nichent dès le mois de février et bon nombre peuvent nicher jusqu’à fin septembre. D’autres pays européens ont ainsi une période d’interdiction plus importante. Concernant les particuliers, il n’existe aucune interdiction. On peut le déplorer…

On déconseille la taille et l'arrachage des haies de mars à fin septembre. Elle est interdite pour les agriculteurs et les collectivités entre le 15 mars et le 31 juillet de chaque année

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